Monsieur le Premier Ministre,

Permettez-moi de vous adresser mes sincères félicitations pour votre Déclaration de Politique Générale, un exercice républicain qui, une fois encore, a mis en lumière vos grandes ambitions pour le Sénégal. Cet engagement marque un moment clé pour tracer les grandes orientations de votre gouvernement et poser les bases des transformations nécessaires. Toutefois, il serait regrettable que l’enthousiasme manifesté lors de cet exercice ait occulté des questions essentielles que je me permets ici de soulever, dans l’intérêt du débat démocratique.

Le déficit budgétaire de 1 600 milliards FCFA, représentant 7 % du PIB, interpelle sur la soutenabilité financière de notre trajectoire et l’équilibre entre investissements et recettes. Avec des dépenses publiques prévues à 6 614 milliards FCFA, soit une augmentation notable de 14,9 % par rapport à 2024, comment le gouvernement envisage-t-il de mobiliser les 5 014 milliards FCFA de recettes estimées, tout en évitant une pression fiscale accrue sur les ménages et les entreprises ? Quels mécanismes prévoyez-vous pour réduire ce déficit sans compromettre les investissements dans les secteurs prioritaires ?

Le secteur de l’éducation et de la formation professionnelle bénéficie d’un budget global de 1 377 milliards FCFA, répartis entre 975 milliards FCFA pour l’éducation nationale, 308 milliards FCFA pour l’enseignement supérieur et 94 milliards FCFA pour la formation professionnelle. Cependant, les défis structurels persistent : abris provisoires, disparités régionales et qualité de l’enseignement. Comment ces allocations budgétaires seront-elles déployées pour accélérer l’élimination des abris provisoires, réduire les inégalités éducatives entre les zones rurales et urbaines, et renforcer la qualité de l’éducation pour tous ?

La souveraineté alimentaire, avec une enveloppe de 1 070 milliards FCFA, repose sur 304 milliards FCFA pour l’agriculture et l’élevage, et 40 milliards FCFA pour la pêche. Ces investissements stratégiques nécessitent une approche méthodique pour moderniser les exploitations agricoles, sécuriser les terres et développer des filières compétitives. Quelles initiatives concrètes seront mises en œuvre pour mécaniser l’agriculture, garantir l’accès sécurisé à la terre et valoriser les chaînes de valeur prioritaires ?

Les dépenses sociales, s’élevant à 1 844 milliards FCFA, visent à répondre aux besoins croissants en santé et en action sociale. Toutefois, les 267 milliards FCFA alloués à la santé demeurent insuffisants face aux besoins en infrastructures, équipements et personnel médical. Comment le gouvernement compte-t-il combler ces insuffisances, moderniser les structures sanitaires et garantir un accès équitable aux soins, en particulier dans les zones les plus reculées ?

Le pilotage et la coordination des ministères, combinés à une prolifération d’agences et de directions aux mandats similaires, engendrent des dépenses importantes. Quelles réformes prévoyez-vous pour rationaliser ces structures, éliminer les doublons institutionnels et optimiser les ressources, afin de maximiser l’efficacité des politiques publiques ?

L’absence d’un résumé ex ante pour les projets et programmes inscrits au budget 2025 suscite des interrogations légitimes sur la cohérence et la continuité des politiques publiques. Où en est la préparation de ce document ? Le gouvernement entend-il poursuivre les programmes de 2024 ou les réviser pour mieux les aligner sur ses priorités ? Comment garantir une évaluation rigoureuse des projets budgétaires pour maximiser leur impact et assurer leur alignement stratégique ?

Le budget 2025 met également en exergue des inégalités territoriales persistantes, souvent au détriment des régions périphériques. Quelles mesures concrètes seront prises pour garantir que les populations rurales bénéficient d’un accès équitable aux services et aux opportunités, notamment dans les domaines de l’éducation, de la santé et des infrastructures ? Quels mécanismes assureront une répartition équitable des investissements entre les régions ?

Enfin, les instruments de suivi-évaluation des politiques publiques demeurent insuffisants pour mesurer efficacement l’impact des réformes. Quels dispositifs prévoyez-vous pour instaurer une gestion axée sur les résultats et garantir une adaptation rapide des stratégies aux réalités du terrain ? Comment ces mécanismes renforceront-ils la transparence dans l’utilisation des fonds publics et amélioreront-ils la confiance des citoyens envers l’action publique ?

Ces interrogations traduisent les attentes légitimes de nos concitoyens, soucieux d’une gestion rigoureuse, transparente et orientée vers des résultats tangibles pour le développement du Sénégal.

Veuillez agréer, Monsieur le Premier Ministre, l’expression de ma très haute considération et de mes salutations les plus distinguées.

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