Non, Honorable ! Vous avez tout faux.
Sama Sëriñ, le débat que vous avez soulevé concernant l’insécurité à Touba et le rôle des Baye Fall dans la cité est mal posé. L’insécurité grandissante dont souffre la ville ne découle pas de l’action des Baye Fall, mais d’un problème structurel : un sous-effectif criant des forces de police et de gendarmerie dans la deuxième plus grande ville du Sénégal.
Touba est une ville unique par son caractère sacré et son organisation particulière. Les Baye Fall, agissant sous le ndigueul du Khalife général des Mourides, n’ont pas pour mission de remplacer les forces de sécurité républicaines, mais de veiller au respect des interdits spirituels et à la sacralité de la ville. Ils agissent en conformité avec les orientations religieuses propres à la communauté mouride, et non en contradiction avec les lois de la République.
Accuser les Baye Fall de s’immiscer dans des prérogatives civiles ou de contribuer à l’insécurité, c’est méconnaître leur rôle historique et spirituel. Leur mission n’est pas de faire la police, mais de préserver l’idéal sacré de Touba, un idéal que toute la société sénégalaise reconnaît et respecte.
Le véritable problème réside ailleurs : le manque criant de moyens pour les forces de l’ordre dans une ville qui abrite des millions de personnes. Si la République veut assurer la sécurité de ses citoyens à Touba, elle doit renforcer les effectifs de police et de gendarmerie, moderniser les infrastructures, et collaborer étroitement avec les autorités religieuses.
Enfin, il faut dépasser les clichés sur une supposée opposition entre tradition et modernité à Touba. La modernité n’est pas un danger, tout comme la tradition n’est pas un fardeau. Ces deux dimensions peuvent coexister harmonieusement si chaque acteur, qu’il soit jeune ou ancien, religieux ou laïc, s’engage à préserver l’essence spirituelle de Touba tout en répondant aux défis actuels.
Touba est une cité sacrée, un legs spirituel inestimable qui doit être préservé par ses habitants et ses héritiers. Honorable, votre responsabilité en tant qu’élu est de plaider pour des solutions concrètes et justes, non de diviser ou de stigmatiser. Touba mérite mieux que des débats mal posés. Elle mérite une vision éclairée, à la hauteur de sa grandeur.