Au-delà de Hott : L’heure d’une Marque-pays forte autour de la Teranga

La défaite de Amadou Hott à la présidence de la BAD n’est pas un simple revers personnel. Elle met en lumière un vide stratégique plus profond : l’absence d’un récit national fort, capable d’accompagner nos ambitions sur la scène internationale. Tandis que la Mauritanie mobilisait efficacement ses réseaux arabo-musulmans, le Sénégal apparaissait désarmé, sans coalition narrative ni stratégie d’influence consolidée.

Or, dans le monde d’aujourd’hui, l’influence ne se mesure plus uniquement au PIB ou à la force diplomatique. Elle se joue dans les imaginaires. Ce sont les nations qui savent se raconter, incarner leurs valeurs, fédérer leurs institutions autour d’une vision cohérente qui captent les regards et influencent les décisions.

Le Sénégal ne manque pourtant pas d’atouts. Une démocratie renouvelée, une jeunesse inventive et engagée, une diaspora influente, des figures reconnues dans le sport, la culture ou l’entrepreneuriat, une histoire dense marquée par des événements majeurs comme le Paris-Dakar ou le FESMAN. Mais surtout, une ressource immatérielle précieuse : la Teranga.

La Teranga n’est pas un slogan folklorique. C’est une intelligence sociale profonde, un art de vivre fait de dignité et d’ouverture. C’est un marqueur identitaire unique, un levier de distinction à l’échelle mondiale. Et c’est autour de cette valeur que peut s’articuler une véritable marque-pays, à la fois politique, culturelle, économique et diplomatique.

Le problème, c’est que ce potentiel reste désordonné, sans narration partagée. L’APIX organise des forums internationaux comme le FII sans les inscrire dans une logique de rayonnement national. L’ASPT promeut le tourisme sans fil conducteur fort. La SOGIP gere des infrastructures sans guichet unique ,L’ASEPEX accompagne nos exportateurs mais sans une plateforme claire pour le Made in Sénégal. Quant à Air Sénégal, elle peine à incarner une identité propre. Autant d’initiatives isolées, quand il faudrait une synergie.

Il est temps de sortir de cette logique en silos. Construire une marque-pays exige un écosystème cohérent, associant institutions publiques, communicateurs, artistes, diplomates, entreprises, collectivités territoriales et diasporas, autour d’une promesse lisible, assumée et inspirante.

Cela suppose une stratégie rigoureuse : un audit lucide de la perception actuelle du pays, une promesse centrale claire fondée sur nos valeurs réelles, un déploiement narratif transversal intégrant économie, culture, sport, diplomatie, numérique, et une gouvernance dédiée à la réputation nationale, capable d’agir, de réagir, d’anticiper.

Le Sénégal ne manque ni de ressources humaines, ni d’histoires, ni de moments de visibilité. Ce qui lui manque, c’est une narration stratégique et fédératrice. Il ne suffit plus d’être visible. Il faut désormais être lisible, crédible et désirable.

Mohamadou Manel Fall
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